L’amour dure 7 ans : comprendre les étapes de l'amour et de l'engagement

L’amour dure 7 ans disent certains. D’autres, comme Frédéric Beigbeder, prétendent qu’il dure 3 ans seulement. L’amour peut-il durer sans cesse ? Ou bien est-il par essence éphémère ? Il se peut aussi qu’il se transforme au fil des années.

En définitive, la question est ici de comprendre l’évolution des sentiments au sein d’un couple.

L’amour dure 7 ans puis se périme ?

Le mythe de Baucis et Philémon suggère que l’amour peut durer éternellement. Ces deux très vieux amants avaient pour souhait de ne pas mourir l’un sans l’autre. Exauçant leur vœu, Zeus transforme Philémon en chêne et Baucis en tilleul. Plantés côte à côte, les deux arbres mêlent leur feuillage à jamais.

A l’opposée ce mythe, l’anthropologue américaine Helen Fisher avance la théorie selon laquelle il existerait une loi implacable liée au cycle amoureux. Ce cycle amoureux, dont la durée moyenne ne dépasserait pas quatre ans, correspondrait au temps nécessaire pour nouer une relation, faire un enfant et s’assurer des soins nécessaires à la petite enfance. Ainsi donc, la relation amoureuse serait par essence éphémère !

La satisfaction relationnelle diminue pendant les premières années de vie commune

Alors, est-ce que l’amour dure 7 ans ou peut-il être durable ? Il est évident que toute relation de couple change au fil des ans. En conséquence, les sentiments que chacun éprouve, et en particulier le niveau de satisfaction pour la relation, évoluent. Janina Larissa Bühler, Samantha Krauss et Ulrich Orth de l’Institut psychologique de l’Université de Berne se sont intéressés à cette évolution. Ils ont rassemblé pour cela pas moins 165 études portant sur le niveau de satisfaction des personnes vivant en couple. Ces études rassemblent un panel total de 165 039 personnes¹.

La conclusion à laquelle ils ont pu aboutir est que la satisfaction relationnelle diminue au cours des dix premières années de la relation pour atteindre un point bas après dix ans de vie de couple. Cette baisse de satisfaction est en particulier significative chez les jeunes adultes et au cours des premières années de la relation. Ensuite, la satisfaction s’améliore sur les dix années suivantes, jusqu’à l’anniversaire des vingt ans de vie commune. Après cette date anniversaire, le niveau de satisfaction diminue à nouveau. La théorie d’un amour qui dure 7 ans trouve donc ici un argument.

Signe révélateur de cette baisse de satisfaction, après dix de relation, seulement 51 % des personnes en couple déclarent montrer souvent ou parfois leur affection en public, alors qu’ils sont 72 % lorsqu’ils sont au début de leur union².

Un amour qui dure 7 ans marque un cap

Le psychologue et thérapeute de couple québécois Yvon Dallaire a bien analysé cette baisse de satisfaction dans les premières années de vie de couple. Selon lui, après une période de lune de miel où les deux partenaires sont « aimantés » l’un vers l’autre, les couples vivent une période de lutte de pouvoir qui génère beaucoup de mal-être.

Cette étape de lutte de pouvoir commence par une désillusion. Les défauts de l’autre, qui ont été minimisés ou que l’on n’a tout simplement pas voulu voir dans la période passionnelle, apparaissent maintenant au grand jour. Cela est renforcé par le fait que le désir de séduction s’estompe chez chaque partenaire. L’autre semble acquis et plus personne ne fait d’efforts pour être attentif, encourageant ou sensuel…

La lutte de pouvoir, la crise des 7 ans de couple

La période initiale de lune de miel avait créé une illusion : celle d’un autre qui nous complète, une âme sœur. Notre partenaire devait être la réponse à toutes nos attentes, combler nos manques et apaiser nos angoisses. Plus cet idéal était élevé, plus la déception, la frustration et la tendance à faire porter la responsabilité de l’échec sur l’autre sont fortes. L’intensité de la crise est proportionnelle à la maturité émotionnelle des partenaires constate également Yvon Dallaire.

S’ensuit alors une période où chaque partenaire du couple cherche à imposer sa vision du « Nous ». C’est la lutte de pouvoir ! Elle peut être positive si elle permet à chacun d’exprimer ses attentes et d’écouter celles de l’autre. Elle permet alors de construire un « Nous » en commun. En revanche, elle est clairement négative si la confrontation des vues se transforme en affrontement. Dans ce cas, chacun veut imposer sa conception du « Nous ». Et Yvon Dallaire de conclure : « cet affrontement mine le respect et la confiance réciproques et se termine par le divorce (50 % des couples) ou la résignation (30 % des couples), malgré certaines accalmies. »

Dans ce combat sans fin pour expliquer à l’autre ce que le couple devrait être, Yvon Dallaire constate que des traits communs apparaissent selon les genres. Même si cela n’est pas systématique, certains traits reviennent très souvent.

Ce que les femmes reprochent à leur partenaire

Ne pas communiquer
Être froid, manquer d’émotion, être trop pressé
S’occuper trop de leur travail, ne pas être assez présent pour la famille, pour les autres et pour elle en particulier
Ne pas être romantique, ne pas être suffisamment sensuel, être obsédé par le sexe

Ce que les hommes reprochent à leur partenaire

Compliquer les choses
Être trop émotive, sensible
S’occuper trop des autres, et pas assez de lui
Ne pas faire suffisamment l’amour

Après 7 ans en couple, une crise qui nécessite de faire évoluer la relation

La phase de lutte de pouvoir qui suit la phase passionnelle est selon Yvon Dallaire inévitable. Elle est cependant primordiale car elle « permet aux deux partenaires de découvrir « qui » est réellement la personne dont ils sont devenus amoureux et, par le fait même, de mieux découvrir leur propre besoin de fusion et de contrôle, de dépendance et de contre-dépendance. »

On l’a vu, la phase de lutte de pouvoir va selon Yvon Dallaire mettre fin à 80 % des couples, qui vont soit se séparer, soit se résigner. Il reste cependant 20 % des couples qui seront capables de surmonter cette étape. Selon Yvon Dallaire, ces couples sont constitués de personnes capables d’établir « une relation d’interdépendance qui leur permet de satisfaire pleinement leur besoins relationnels et émotifs ». Dans ces couples, chacun reconnaît ses propres besoins, qui sont parfois contradictoires entre désir de fusion et besoin d’autonomie, et ceux du partenaire, qui sont de même parfois contradictoires entre eux. Dans cette relation de couple, aucun partenaire ne cherche à changer l’autre. Le couple cherche plutôt un terrain d’entente où les besoins et désirs de chacun peuvent trouver une réponse. Ce que chacun apporte au couple est reconnu. Plutôt que d’avoir raison sur l’autre, la connexion et l’intimité sont privilégiés.

Après la crise des 7 ans, le couple peut vivre l’ « amour véritable »

Une fois cette étape de stabilisation acquise, Yvon Dallaire constate que les couples peuvent avancer dans une relation d’ « amour véritable ». Dans cette étape, chacun s’engage et se met au service du « Nous ». Chaque partenaire fait le choix d’être présent pour l’autre, pour l’aider à grandir et à s’épanouir, même si cela impose parfois de renoncer à certaines choses. Le couple développe alors de nombreux projets, il établit ses propres rituels amoureux et s’emploie à résoudre les crises lorsqu’elles surviennent.

Dans l’évolution du couple, Yvon Dallaire identifie enfin une dernière étape, celle de l’ouverture sur autrui. Le couple s’implique socialement et partage son bonheur avec les autres. L’harmonie qui se dégage de ce couple en fait un modèle pour les jeunes couples.

L’amour commence après la crise des 7 ans

Dans son livre très justement intitulé « L’amour commence après 3 ans », la thérapeute de couple Camille Rochet synthétise l’évolution de la relation amoureuse en présentant les quatre étapes de l’amour dans le couple :

S’aimer pour soi
Aimer l’autre pour soi
Aimer l’autre pour l’autre
Aimer à deux pour les autres

Elle constate également que le sentiment amoureux n’est pas linéaire et que la perfection n’existe pas dans ce domaine. Il y a des moments de repli sur soi qui empêchent de se tourner l’un vers l’autre. Il y a des périodes de doute et de déception. La confiance, la persévérance sont alors clés. Camille Rochet nous rappelle ainsi : « C’est un leurre de croire que l’amour agit seul. Il nous est donné mystérieusement, c’est un cadeau, mais il a besoin de nous. Vous devez le nourrir et surtout bien l’orienter. »

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