Les années ne comptent pas pour les couples qui entretiennent leur connexion sexuelle
Il est vrai que l’enquête menée par Chrisanna Northrup et les professeurs Schartz et Witte montre que la fréquence des relations sexuelles décline au fur et à mesure des années. Ils notent cependant que les personnes qui se disent très heureuses ou extrêmement heureuses de leur vie sexuelle sont 67 % à faire l’amour trois à quatre fois par semaine lors de leur première année de vie commune, et sont encore à 60 % dans ce cas après vingt-et-un an d’union. L’âge et la durée de vie en couple influent donc peu sur la fréquence des relations sexuelles pour des partenaires qui entretiennent leur connexion émotionnelle.
Des variations dans le désir
En revanche, ne pas avoir envie de faire l’amour à certains moments de sa vie est tout à fait normal. Il y a toujours des hauts et des bas, des flux et des reflux dans le désir. Des événements dans la vie d’un couple peuvent notamment expliquer une diminution des relations sexuelles. Problèmes de santé, difficultés dans la vie professionnelle, traitement médicamenteux qui affecte la libido, relation à distance, décès d’un parent, dépression… Tous ces événements peuvent influer sur la vie sexuelle d’un couple. L’événement le plus fréquent est l’arrivée d’un enfant. En effet, l’attention et le temps que requiert l’éducation d’un enfant impactent souvent négativement la disponibilité pour faire l’amour. Ainsi, la fatigue et le stress conduisent fréquemment à une baisse dans la fréquence des rapports sexuels pendant une période d’un an après la naissance d’un enfant.
Ne plus faire l’amour, une situation révélatrice de difficultés dans la relation
Cependant, il arrive que l’absence ou la raréfaction de la sexualité s’installe durablement. Le couple ne fait plus ou très rarement l’amour pendant des mois voire des années. On pourrait alors croire qu’il est possible d’être dans une relation de couple épanouie sans qu’il y ait de relations sexuelles fréquentes ou même aucune relation sexuelle. Cependant l’étude présentée dans le livre The Normal Bar montrent que la faible fréquence des relations sexuelles peut détériorer la relation de couple. « Une vie sexuelle réduite, surtout chez les personnes de moins de soixante-dix ans, indique généralement des problèmes sous-jacents, une distance émotionnelle, de la colère ou une grave détresse psychologique de la part d’un ou des deux partenaires. » écrivent ainsi les auteurs de l’étude.
L’absence de désir est une source de stress qui accroît l’absence de désir
De fait, la faible fréquence ou l’absence de sexualité dans un couple génère souvent une inquiétude. Des schémas de pensées négatives peuvent se mettre en place. Pouvant s’estimer d’une façon ou d’une autre déficient, ressentant de la culpabilité, le partenaire qui éprouve moins de désir a du mal à l’exprimer, de peur de blesser l’autre. De son côté, l’autre partenaire peut ressentir une blessure dans son amour propre. Il ne sait pas quelle attitude adopter : faut-il imposer son désir au risque de se sentir oppressant, ou bien le restreindre au risque de se sentir frustré ? « Plus le temps passe et plus les choses sont difficiles » note Caroline Kruse dans son livre Le savoir-faire amoureux. Et elle poursuit : « faire l’amour devient une épreuve où chacun épie l’autre, si bien qu’à la longue, les deux préfèrent l’éviter. » Le malaise s’installe, réduisant encore davantage l’envie de faire l’amour. Le manque de désir finit par s’autoalimenter.
Ne plus faire l’amour ne signifie pas une absence d’amour
Il convient de rappeler que la sexualité ne constitue pas le fondement de la relation de couple. C’est un élément, parmi d’autres, qui contribue à vivre une relation épanouie. « Un couple peut être heureux sans que le pilier de la sexualité fonctionne parfaitement bien » estime la sexologue Catherine Solano dans le livre Qui sont ces couples heureux ?. La sexualité et l’intimité affective sont en effet deux langages différents. Cependant, l’absence ou la raréfaction des relations sexuelles constitue généralement un sujet de souffrance ou du moins d’inquiétude, pour l’un ou les deux partenaires. Cela fait donc peser un risque sur la relation. Aussi Catherine Solano recommande de chercher « à réduire les insatisfactions sexuelles et à augmenter les plaisirs » pour « augmenter ses chances de vivre une sexualité heureuse ».
Pour cela, la première chose à faire est de dédramatiser, de se mettre moins de pression par rapport à sa sexualité. Il s’agit paradoxalement de ne pas se focaliser sur les relations sexuelles, mais davantage sur la relation. Les thérapeutes Harville Hendrix et Helen Lakelly Hunt distinguent d’ailleurs « faire l’amour » et « avoir une relation sexuelle ». Faire l’amour implique beaucoup plus qu’une relation sexuelle. L’enjeu est de créer entre les partenaires une relation de confiance, où la communication est encouragée, où les différences de chacun sont acceptées. Dans cet environnement positif disent-ils, « avoir une relation sexuelle est la conséquence naturelle qui renforce encore la relation ».
Quatre points cardinaux pour raviver le désir lorsqu’on ne fait plus l’amour
Comment faire lorsque l’absence de sexualité se prolonge dans le couple ? Voici quatre points clés pour progressivement retrouver le plaisir de faire l’amour.