Qui décide dans le couple ? Il arrive parfois que des enjeux de pouvoir s’invitent dans la relation à deux. Cela peut alors se traduire par une situation déséquilibrée. L’un des partenaires peut exercer un contrôle dans un ou plusieurs domaines, par exemple les choix concernant l’éducation des enfants. Dans cette situation, l’autre partenaire accepte cette domination et abandonne toute responsabilité. Cela peut aussi aboutir à une situation où une lutte perpétuelle du pouvoir se met en place dans le couple. Chaque sujet devient alors l’objet d’une âpre négociation. Dans ce dernier cas, l’objet de la négociation importe peu, il s’agit de ne céder en aucun cas une partie, même infime, de ses prérogatives.
Comment éviter d’entrer dans le cycle infernal de la lutte de pouvoir ? Comment en sortir si ce mécanisme négatif s’est installé dans son couple ?
La lutte du pouvoir dans le couple révèle une dépendance mutuelle
Ce que les thérapeutes constatent chez les couples qui sont confrontés à des enjeux de pouvoir, c’est généralement qu’une relation de dépendance mutuelle s’est installée. Au-delà du sujet de conflit, c’est en effet une volonté de contrôler l’autre qui transparait. Et cette volonté de contrôle trouve sa source dans une peur de perdre l’autre. Toute tentative d’autonomie est ainsi très mal perçue.
Maintenir une emprise pour conserver le lien
Lorsque sur un sujet une relation de « dominant – dominé » se crée, le partenaire « dominant » cherche à maintenir son emprise sur l’autre. C’est en effet une façon pour lui de maintenir le lien. Toutes les stratégies pour maintenir le contrôle se mettent alors en place comme le révèle Caroline Kruse dans son livre Le savoir-vivre amoureux. « La culpabilisation est souvent l’une des armes favorites du dominant. Critiquer l’autre, l’accabler de reproches, le faire se sentir perpétuellement défaillant, en faute, instaure une forme de pouvoir sur lui, masque l’insécurité fondamentale du dominant » écrit-elle.
Quand laisser faire son partenaire alimente la volonté de contrôle
Pour le partenaire qui accepte la domination de l’autre, cela peut créer une situation confortable où l’on se laisse porter. Cependant, en acceptant systématiquement les décisions de son partenaire, ce partenaire « dominé » se met en retrait de la relation. Cela vient alors alimenter la crainte de perte de lien par le partenaire « dominant ».
Se met alors en place un cercle négatif d’interactions entre les deux partenaires où la volonté de contrôle entraîne une mise en retrait, qui elle-même suscite une volonté encore plus grande de contrôle. Chaque partenaire entre dans un rôle et la relation devient de plus en plus problématique. Le moindre élément perturbateur peut créer une crise.
Comment sortir d’une lutte de pouvoir dans son couple ?
Pour sortir de ce cercle négatif, il est nécessaire de prendre le temps de comprendre quelles sont les raisons de la dépendance mutuelle. Souvent, l’origine de ces façons d’être se trouve dans l’histoire personnelle. Les relations avec les personnes qui nous ont élevés peuvent avoir façonné la manière dont nous nous attachons aux autres. Cela peut être aussi une conséquence d’anciennes relations sentimentales. Ensuite, il faut délibérément chercher à sortir des schémas établis, en remettant en cause les habitudes établies d’interactions avec son partenaire. Enfin, il s’agit de prendre conscience que même s’il y a une lutte de pouvoir, le couple doit rester au service des deux partenaires.
La lutte pour le pouvoir dans un couple ne prend jamais fin
Selon Yvon Dallaire dans son livre Qui sont ces couples heureux, « cette lutte pour le pouvoir ne prend jamais fin », et même dit-il « ne doit jamais prendre fin ». En effet, il considère cette lutte de pouvoir comme une étape indispensable pour découvrir qui est réellement son partenaire. Cette étape permet de « rencontrer l’autre dans son identité réelle » et de « mettre fin à l’illusion de la fusion passionnelle ».
C’est selon l’auteur la voie pour créer une véritable relation d’intimité, qui se fonde sur une relation d’interdépendance équilibrée entre les partenaires. Il ne s’agit plus de vouloir changer l’autre pour qu’il réponde à nos besoins. Il s’agit d’être conscient des besoins de son partenaire et de ses propres besoins, puis d’accepter la dépendance réciproque des deux partenaires pour qu’ils soient satisfaits. Et l’auteur de conclure, les couples heureux « trouvent des façons d’être et de faire, d’agir et de réagir qui font que le Nous puisse satisfaire les besoins et les désirs légitimes de Moi et de Toi. »