La théorie de l’attachement, une clé pour mieux vivre sa relation de couple

La théorie de l’attachement est une approche fondamentale qui cherche à comprendre la nature des relations entre les êtres humains. Elle a été développée par le psychiatre et psychanalyste britannique John Bowlby. Pour cela, il s’est attaché à comprendre les liens émotionnels et affectifs qui se développent entre un enfant et ses figures d’attachement, généralement les parents ou les soignants primaires.

La théorie de l’attachement cherche à comprendre les fondements des relations humaines

Les fondements de la théorie reposent sur l’idée que les premières expériences relationnelles que nous avons dans notre enfance jouent un rôle crucial dans la construction de notre identité, de notre estime de soi et de notre capacité à établir des liens affectifs harmonieux. En effet, les modèles d’attachement formés pendant l’enfance sont profonds et durables. Ils se perpétuent à l’âge adulte, influençant la façon dont nous exprimons nos émotions et nous nous connectons aux autres tout au long de notre vie.

Ainsi, les expériences positives d’attachement dans notre enfance font grandir la confiance en nous-mêmes et dans les autres. Elles nous permettent d’établir des relations humaines équilibrées. En revanche, les expériences négatives d’attachement peuvent conduire à une faible estime de soi, à des troubles émotionnels ou à des difficultés dans les relations interpersonnelles.

Les différents styles selon la théorie de l’attachement

Pour mieux comprendre la dynamique d’attachement dans la relation mère-enfant, Mary Ainsworth, psychologue américaine et étudiante de John Bowlby, a étudié la façon dont des enfants de 12 à 18 mois se comportaient lorsqu’ils étaient séparés de leur mère puis la retrouvaient. Elle a ainsi pu établir quatre styles d’attachement : sécurisant (représentant 60% de l’échantillon), anxieux-ambivalent (20%), évitant (10%), désorganisé (10%).

Attachement sécurisé

Les personnes ayant un attachement sécurisé accordent facilement leur confiance aux autres et se sentent en sécurité dans les relations interpersonnelles. Elles sont à l’aise avec l’intimité et sont capables de gérer les séparations et les retrouvailles sans anxiété excessive.

Attachement anxieux-ambivalent

Les personnes ayant un attachement anxieux-ambivalent ont un fort besoin d’attention et de réassurance de la part des autres. Elles éprouvent souvent de l’anxiété dans leurs relations et sont sensibles au sentiment de rejet et d’abandon. Elles peuvent se mettre dans une relation de dépendance excessive vis-à-vis des autres.

Attachement évitant

Les personnes ayant un attachement évitant ont tendance à être plus indépendantes et à minimiser leurs besoins émotionnels. Elles peuvent éprouver de la méfiance envers les autres et préférer maintenir une distance émotionnelle. Elles peuvent ainsi avoir du mal à établir des liens intimes et durables. Ces personnes ont souvent du mal à exprimer leurs émotions et peuvent se sentir mal à l’aise lorsqu’elles sont trop engagées émotionnellement.

Attachement désorganisé

L’attachement désorganisé est un style d’attachement plus complexe et moins défini. Les personnes ayant un attachement désorganisé peuvent présenter un mélange de comportements contradictoires, alternant entre des moments de recherche d’attention et d’évitement. Elles peuvent avoir vécu des expériences traumatisantes ou négligentes dans leurs relations précoces, ce qui a entraîné des difficultés à développer des schémas cohérents d’attachement.

Il est important de noter que ces styles d’attachement ne sont pas des catégories rigides, mais plutôt des tendances générales qui peuvent varier en fonction des situations et des relations spécifiques. Les schémas d’attachement peuvent également évoluer et changer avec le temps en fonction des expériences et des efforts de développement personnel.

Les deux dimensions selon la théorie de l’attachement

En 1998, les professeurs américains Kelly Brennan, Catherine Clark et Philip Shaver ont mené une vaste étude sur l’attachement amoureux. Ils ont fait ressortir deux dimensions essentielles dans la dynamique d’attachement : l’anxiété d’abandon et l’évitement de l’intimité.

L’anxiété d’abandon

Cette dimension de l’attachement se caractérise par la crainte d’être mis à distance. Il y a une hypervigilance et une hypersensibilité aux signaux de rejet ou de non-disponibilité. Pour contenir l’anxiété envahissante, la personne cherche sans cesse à maintenir un lien relationnel étroit. Elle a un besoin constant de rassurance et recherche intensément la proximité, synonyme de protection. Dans le couple, ses demandes excessives d’intimité sont souvent perçues comme oppressantes par son partenaire et peuvent susciter, au contraire de l’objectif recherché, un rejet.

L’évitement de l’intimité

Cette dimension de l’attachement se caractérise par un inconfort envers l’intimité relationnelle. La trop grande proximité représente un danger pour la personne, qui préfère alors garder de la distance. Elle ne compte que sur elle-même, contrôle ses émotions et ne communique pas ses préoccupations. Dans le couple, cette personne a tendance à montrer peu de signes d’affection et à ne prêter que peu d’attention aux besoins du partenaire. Enfin, elle ne ne semble pas très investie dans la relation.

Ces deux dimensions peuvent également se rapporter aux trois principaux styles d’attachement.

	1. Style d’attachement sécurisé	2. Style d’attachement anxieux-ambivalent	3. Style d’attachement évitant
Anxiété d’abandon	Faible	Élevé	Faible
Évitement de l’intimité	Faible	Faible	Élevé

Là encore, ce cadre d’analyse ne doit pas être considéré de façon rigide. Chacun peut se situer à différent niveau sur les dimensions « anxiété d’abandon » et « évitement de l’intimité » selon les situations et les périodes. Il s’agit d’un outil pour mieux comprendre la façon dont chacun interagit dans le couple.

La théorie de l’attachement invite à cultiver des relations sécurisantes dans son couple

De par sa nature structurante, le style d’attachement modèle la façon d’être en couple. « L’attachement amoureux guide la formation, le développement et les interactions quotidiennes du couple. » écrit ainsi Marc Pistorio dans son livre Dis-moi qui tu aimes, je te dirai qui tu es. Comment alors prendre en compte cet état de fait pour vivre des relations plus harmonieuses dans son couple ?

En premier lieu, il s’agit identifier son propre style d’attachement et celui de son partenaire. Cela permet d’anticiper certaines situations liées à l’anxiété d’abandon ou à l’évitement de l’intimité qui sont susceptibles de générer des conflits. L’enjeu n’est ici pas d’éliminer à tout prix le stress et l’anxiété, qui sont inhérents à toute relation amoureuse, mais d’apprendre à les gérer en s’appuyant sur son partenaire.

En second lieu, il est important d’aborder clairement ce qui crée de l’insécurité et d’exposer son ressenti. « Attendre en accumulant les frustrations n’est jamais une approche souhaitable et accroît significativement les risques d’explosion et de perte de contrôle. » remarque ainsi Marc Pistorio. Cela nécessite au préalable de prendre conscience de ses émotions et d’apprendre à les exprimer posément.

Pour finir, il est crucial de respecter l’indépendance et l’autonomie de chaque individu dans une relation. Encourager le développement personnel, respecter les choix et les limites de l’autre permet de maintenir un équilibre sain.

La théorie de l’attachement pour une vie de couple plus harmonieuse

Explorer nos schémas d’attachement nous aide à prendre conscience de notre manière d’interagir avec les autres et les émotions qui y sont associées. Cela nous permet également de mieux comprendre de notre partenaire. Enfin, cela permet de s’ajuster dans ses relations avec notre partenaire au sein du couple pour développer des relations plus saines et harmonieuses et vivre une intimité émotionnelle équilibrée.

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